Chaque année se tient ( à Chamonix en 2023) le CHAM, Convention on Health Analysis and Management, (convention sur l'analyse et le management des systèmes de santé), présidé par le professeur Guy Vallancien. S'y pressent les ministres de la Santé successifs, leurs sbires et affidés, les représentants de ce qui fut autrefois la Sécurité Sociale, aujourd'hui aux mains des assureurs, et le ban et l'arrière-ban des industries de santé. A cette occasion, les familles de victimes du Charnier Paris-Descartes ont tenu à interpeller Guy Vallancien, et tous ceux et toutes celles qui se pressent à cette "place to be", comme si le scandale pouvait être enfoui dans le champagne tiède et les petits fours. (Cette tribune a été refusée dans plusieurs quotidiens nationaux)
Mesdames et messieurs les participants du CHAM 2023, alors que vous êtes réunis ces 28 et 29 septembre pour réfléchir à la pertinence et à la qualité en santé, sous la présidence de Guy Vallancien, nous, les familles de victimes du charnier de l'université Paris-Descartes, souhaitons le remercier de nous avoir permis, depuis 4 ans, de réfléchir à la pertinence et à la qualité du don des corps fait à la médecine.
Guy Vallancien a dirigé le Centre du don des corps (CDC) de l’université Paris-Descartes de 2004 à 2014 : le temple européen de l’anatomie, en réalité un parfait charnier, administrativement fermé en décembre 2019. Les dépouilles de nos proches y ont subi des traitements innommables dans des locaux immondes.
L’affaire du charnier du CDC est un puits sans fond qui livre jour après jour des révélations nauséabondes sur les sévices subis par des donneurs altruistes.
Presque 200 familles ont porté plainte contre X. Les faits ont été établis, en tête les manquements managériaux dans leur globalité et à tous niveaux de la chaîne hiérarchique. L’information judiciaire a donné lieu, au stade actuel, à quatre mises en examen pour atteinte à l’intégrité du cadavre : celle de l’Université Paris-Descartes, celle de Frédéric Dardel, président de l’Université de 2011 à 2019 et celles de deux préparateurs.
Un ouvrage de référence vient de paraître chez Robert Laffont, intitulé Le charnier de la République, lequel publie des photos insoutenables apportant des preuves tangibles sur plusieurs années : 1988, 2011, 2016, 2018.
Nous n’avons rien inventé. Hélas !
Nous avons la pleine et entière légitimité en ce jour pour vous interpeller sur le mal subi par nos parents et sur le mal que nous-mêmes, leurs propres enfants ou petits enfants, avons subi. Depuis quatre ans, toutes les autorités, quelles qu'elles soient, n’opposent que silence à notre tristesse. De votre part, M. le président du CHAM - 10 ans directeur du CDC Paris-Descartes - nous n’avons jamais perçu la moindre considération, le moindre signe de compassion. Qui sommes-nous donc ? Qui êtes-vous ?
Pour vous qui avez déclaré, le 23 janvier 2023, devant les 170 plaignants qui vous traduisaient devant le conseil départemental de Paris de l’Ordre des Médecins : “La majorité des corps est à 4 degrés. Je ne veux pas faire de comparaison, mais, permettez-moi. Vous savez, quand vous mettez un morceau, pardon d’être aussi trivial, de viande à - 18 degrés, il peut être conservé pendant des années. Mais un morceau de viande, à 4 degrés, dans un frigidaire, au bout de quinze jours, trois semaines, il n’est plus valable.”, nos parents, qui ont donné leur corps à la médecine, sont donc de vulgaires morceaux de viande !
C’est peut-être pour ces paroles, entre autres, que l’Ordre des médecins a décidé de vous renvoyer devant la chambre disciplinaire régionale.
Peut-être apporterez-vous, le moment venu, des réponses sur votre gestion du CDC de Paris-Descartes et la commercialisation des corps via votre École Européenne de Chirurgie - implantée dans les locaux de l’université ?
Peut-être nous éclairerez-vous, aussi, sur la question de la dignité après la mort ?
Nous vous rappelons Pr Vallancien, que ces 60 000 hommes et femmes, qui sont passés par ce charnier, portaient l’un des 12 632 prénoms du calendrier. Ils s’appelaient Georges, Lucie, Léopold, Marcelle, Victor, Jâne, Jacques, Lilianne, Guy, Micheline, José…
Ils furent capitaine au long cours dans la marine marchande, couturière, chef de gare, femme au foyer, directeur d’exportation, secrétaire, résistant titulaire de la croix de guerre avec palmes, scientifique, animateur radio… Ils étaient surtout nos proches et en aucun cas ils ne méritaient d’être traités comme de simples denrées servant à enrichir des gens sans scrupules.
Certains se demandent sûrement comment l’université Paris-Descartes, où siège la prestigieuse faculté de médecine, pouvait abriter un charnier depuis les années 80 ?
Quand vous croiserez pendant le CHAM, l’ancien président de l’université Paris-Descartes, ses vice-présidents, l’un des anciens directeurs du CDC, le doyen de la faculté de médecine de 2014 à 2020 et son épouse, ou un membre du collège des anatomistes, demandez-leur. Ils connaissent bien la maison et ce qu’il s’y passait.
Demandez-leur pourquoi des étudiants se sont retrouvés à disséquer des corps atteints du VIH, sans protections et sans être informés ?
Où finit l’acceptable, où commence l’inacceptable ? L’éthique ne répond-elle pas à ces questions ? Alors pourquoi l’éthique a-t-elle été reléguée au second plan à Descartes ? Au nom de quoi, en vertu de quelle pensée ses dirigeants se sont essuyé les pieds sur la dignité humaine ?
Posez-leur toutes les questions, ils sont là sans honte et sans scrupules, auréolés d’appuis.
2021:
2022:
2023:
Baudouin Auffret, David Artur, Patrice Chanton, Françoise Faye, Agnès Leroy, Solange Oostenbroek, Gilles Paris, Elodie Ponsaud, pour l’association CDJD (Charnier Paris Descartes, Justice et dignité pour les donneurs)
Pour rappel du curriculum vitae de certains fossoyeurs du système de santé:
https://www.christian-lehmann.org/post/comment-la-sant%C3%A9-devint-rentable
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